Jean 15/9-17 dimanche 9 mai

Posté par jeanbesset le 8 mai 2021

 

Lectures

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 15,9-17.

 

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour.
Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour.
Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. »
Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.
Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande.
Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.
Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.
Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres. »

 

Lire aussi : Genèse  28/ 10-15 

 

CANTIQUE 44/15 : C’est vers toi que je me tourne

Depuis notre plus tendre jeunesse, on nous a appris à croiser les chemins de Dieu. En tout cas ce fut le cas pour  ces jeunes gens qui comme moi ont suivi une éducation religieuse. C’est à l’Ecole du dimanche qu’on nous a enseigné  à discerner le bruit de son  pas quand il résonnait sur  les routes que nous fréquentions. C’est à l’écoute de ces grands héros  qu’étaient Moïse,  Abraham, Jacob ou  David que nous avons appris à rechercher la trace de Dieu. Le temps passant, nous avons fait nos expériences personnelles et nous avons pris l’habitude de baliser les chemins où on avait une chance de le rencontrer. A l’adolescence ce fut une autre histoire et nos voies se sont souvent séparées de la sienne. En fait, dès que nous sentions sa présence, nous détournions le regard pour le porter dans une autre direction. Tels sont les souvenirs que j’ai gardés  de cette époque lointaine où la pratique religieuse faisait encore partie  des habitudes que l’on cherchait à  inculquer aux enfants.

Mais le quotidien de la vie est une rude école. A force d’éviter ce qui pouvait être le regard de Dieu, on loupait  à tous les coups, un contact avec lui.  Dieu est  devenu alors plus lointain et nos soucis nous ont détournés de lui.

Nous avons fait d’autres investigations  à son sujet. Les philosophes nous y ont aidés. Nous avons  cru comprendre que Dieu se cachait  pour mieux se laisser trouver et qu’il nous faudrait travailler davantage sur nous-mêmes pour pouvoir faire un bout de chemin avec lui.

Nous avons aussi été tentés par l’idée de tout laisser tomber et de porter nos soucis dans une autre direction. La distance par rapport à lui s’est encore faite plus grande.

La vie a pris le dessus, le souci du lendemain et de notre avenir s’est  emparé  de nous et Dieu est resté de côté. Sans doute avons-nous espéré en secret qu’à l’occasion de notre passage dans un lieu de culte à l’occasion d’une fête familiale ou autre, Dieu en profiterait pour  se manifester, mais en sortant du lieu de prière,  nous n’avons pas manqué de penser que  l’officiant,  n’avait pas été à la hauteur de nos espérances, qu’il n’avait pas été convainquant et qu’il n’avait pas dit ce qu’il fallait pour nous toucher et nous amener à réfléchir autrement, si bien que nous n’avons pas vu les anges monter et descendre sur leur grande échelle, comme ils l’avaient fait pour Jacob et le ciel ne s’est pas ouvert.

Tel fut mon aventure spirituelle et celle de beaucoup de mes semblables !

En fait, si le courant n’est pas bien  passé entre Dieu et nous,  c’est que la vie nous a bloqué trop souvent les chemins d’accès à sa présence et que les soucis du moment ont fait  comme une sorte de barrage entre lui et nous.

Aujourd’hui, nous nous accusons volontiers de ne pas en faire assez pour que sa présence s’impose à nous. Mais nous pensons, sans oser l’avouer que Dieu doit aussi prendre  sa part de responsabilité.

Nous pensons même qu’il ne  sait pas lui-même se révéler à nous de la manière qui nous toucherait vraiment,  si bien que nous ne savions pas  nous rendre disponible à sa présence. A mesure que la conscience de Dieu s’éloignait de nous, le sentiment de culpabilité vis-à-vis de lui se faisait grandissant, et les églises en ont aussi rajouté.

En fait, maintenant que j’ai effleuré quelques thèmes que les prédicateurs utilisent parfois le dimanche dans leur sermon, il est temps que je laisse la parole à Dieu lui-même en pensant  que c’est maintenant à son tour  de parler pour que nous puissions entendre correctement ce qu’il a à nous dire, puisque selon le prologue de l’Evangile de Jean, c’est dans la parole que Dieu puise sa révélation. C’est en méditant de telles pensées que l’Evangéliste écrivit son Evangile que nous écoutons ce matin.

Il devait se demander comment les hommes avaient pu se méprendre sur Dieu depuis l’origine des temps, comme ils l’ont fait et comme je viens de le faire depuis quelques minutes. Comment moi-même et ses contemporains,  n’ont-ils rien compris au message de Jésus, au point de le tuer pour étouffer dans sa bouche le mot amour dont il illustrait tous ses propos ? Ce mot mille fois répété, mille fois commenté correspondait dans sa pensée à tous les barreaux de l’échelle sur lesquels montaient  les anges pour entraîner les hommes vers le ciel et sur lesquels ils descendaient à leur tour  pour permettre à Dieu de parvenir jusqu’aux hommes

Dans cet Evangile le mot amour donne une coloration particulière au comportement de Dieu. L’amour est cette attitude qu’il prend pour ne pas rester séquestré dans  le ciel où les hommes ont coutume de l’enfermer avec ses anges. En fait, son but est  de rejoindre  la  terre afin de se faire plus proche  possible de l’humanité.

Mais qui pourrait croire que ce simple mot, amour  pourrait  porter  en lui seul toute la Loi et les Prophètes ? Pourtant, ce mot, contient en lui-même toute la passion de Dieu pour l’homme. Cette passion le comble de joie qu’il tient à partager avec nous. Dieu se révèle dans ce  seul mot comme un passionné de l’homme.

C’est cet aspect de lui-même que Dieu   se plait à nous faire découvrir quand nos chemins se croisent. Au loin donc, tout sentiment de culpabilité ! Dieu est un passionné de l’humanité, il ne s’applique à exister que pour elle et c’est pour elle, nous suggère le récit de la création, qu’il aurait tout créé afin que les hommes se complaisent à  vivre en sa présence.

Pour Dieu, la passion  qu’il a pour les hommes découle normalement  de son  amour pour eux  si bien que même si le mot passion n’est pas dans l’Evangile,  il se déduit de l’amour auquel il se réfère, si bien que  les deux mots amour et passion vont ensemble. Ces  deux mots  nous  sont donc donnés  pour éclairer nos cheminements au cours de notre existence. Ces mots ils révèlent aux hommes le seul comportement qu’ils doivent avoir en toute circonstance. Il s’agit d’aimer passionnément ce monde où Dieu les pousse à agir pour le mieux-être de tous.

Ainsi notre comportement vis-à-vis de Dieu devrait-il être contenu dans cette seule prière : «  Seigneur, apprends-nous à aimer » nous devrions la faire  sans cesse  quand nous aurons compris  que là est la seule règle qui nous vient de Dieu pour vivre sur terre selon sa volonté, car c’est dans cette action  que se trouve le salut auquel  nous aspirons. Nous sommes ainsi amenés à considérer que chaque fois qu’une menace pèse sur l’humanité, il se trouvera toujours assez d’individus capables d’aimer  pour renverser le cours de la situation dans laquelle ils se trouvent.

Cela pourra prendre du temps, mais sous l’inspiration de Dieu qui ne cesse  de nous accompagner cela se produira.

Ce n’est donc pas le génie humain qui déterminera le cours de l’histoire, ni sa brillante intelligence mais la capacité  des hommes à aimer leurs semblables  et à coopérer ensemble pour gérer le monde que Dieu a créé pour eux. C’est donc en pratiquant l’amour dans toutes les acceptions du possible que s’écrit l’avenir.

C’est en mettant  en notre cœur cette capacité à aimer que Dieu nous a donné la clé de l’avenir. Certes  il se trouvera toujours quelques individus pour penser le contraire qui négligeront Dieu  et penseront que l’avenir est lié  à la manière dont les feront usage de leur brillante intelligence, mais la clé résidera toujours  dans leur capacité à aimer, sans quoi l’humanité ne pourrait exister  car l’amour est constitutif de la personnalité  humaine et l’avenir du monde ne peut se faire si nous n’usons pas de cette capacité. Le secret que nous révèle Dieu, c’est que notre capacité à aimer  est déterminante à tel point que Dieu a choisi le mot amour pour manifester sa propre existence, car Dieu est amour nous dit Jean.

Amen.

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Dimanche 28 mars 2021 : Les Rameauux

Posté par jeanbesset le 30 mars 2021

 

Marc 11/1-10

11 Lorsqu’ils approchèrent de Jérusalem, et qu’ils furent près de Bethphagé et de Béthanie, vers la montagne des oliviers, Jésus envoya deux de ses disciples,

en leur disant: Allez au village qui est devant vous; dès que vous y serez entrés, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel aucun homme ne s’est encore assis; détachez-le, et amenez-le.

Si quelqu’un vous dit: Pourquoi faites-vous cela? répondez: Le Seigneur en a besoin. Et à l’instant il le laissera venir ici.

les disciples, étant allés, trouvèrent l’ânon attaché dehors près d’une porte, au contour du chemin, et ils le détachèrent.

Quelques-uns de ceux qui étaient là leur dirent: Que faites-vous? pourquoi détachez-vous cet ânon?

Ils répondirent comme Jésus l’avait dit. Et on les laissa aller.

Ils amenèrent à Jésus l’ânon, sur lequel ils jetèrent leurs vêtements, et Jésus s’assit dessus.

Beaucoup de gens étendirent leurs vêtements sur le chemin, et d’autres des branches qu’ils coupèrent dans les champs.

Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient: Hosanna! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!

10 Béni soit le règne qui vient, le règne de David, notre père! Hosanna dans les lieux très hauts!

11 Jésus entra à Jérusalem, dans le temple. Quand il eut tout considéré, comme il était déjà tard, il s’en alla à Béthanie avec les douze.

Sermon du 28 mars Marc 11-1-10

Cherchez d’abord le Royaume de Dieu, nous est-il dit en Mattieu 6/19. C’est ce que nous recommande l’Evangile de Matthieu dans le sermon sur la montagne, et aujourd’hui, c’est l’Evangile de Marc qui va répondre à la question pour nous expliquer  que c’est le but de notre relation à Dieu. Cette recherche doit  nous combler de joie et nous guider sur les chemins qui mènent à Dieu.

Nous trouvons aujourd’hui Jésus sur le chemin  qui le mène de Jéricho à Jérusalem. Il vient de rendre la vue à un aveugle dont le regard  suit Jésus alors qu’il emprunte la route qui maintenant le conduit de Jéricho à Jérusalem. Si l’aveugle regarde en direction du chemin qu’emprunte  Jésus, c’est pour que nous tentions de voir, nous aussi, comme l’aveugle, ce qui nous est encore caché dans le texte et que nous ne sommes pas encore capables de voir. En effet  certains d’entre nous sont comme l’aveugle et ne voient pas  ce qui se passe dans cette histoire trop bien connue de nous pour que nous  en discernions   les détails cachés qu’elle contient. Nous allons découvrir comment les différents passages de l’Evangile se font écho l’un à l’autre sans que nous nous en apercevions. Mais notre vie s’en trouve cependant éclairée.

En fait nous avons l’habitude de lire l’Evangile en le fragmentant  épisode par épisode sans nous rendre compte qu’il y a continuité entre eux. En fait, il se pourrait bien  que l’épisode de l’aveugle de Jéricho nous soit  présenté comme  si c’  était   le lecteur lui-même, vous ou moi qui serait l’aveugle. Ce lecteur a besoin que Jésus affermisse sa vue pour comprendre la suite qui va nous être racontée maintenant.  Pour comprendre ce qui se passe aux Rameaux il faut donc y voir clairement  et comprendre ce qui s’est passé à Jéricho.

Jésus a laissé en plan l’aveugle pour rejoindre les aveugles que nous sommes, sur la route de Jérusalem. A  nous de dépasser notre  propre  cécité. Le monde qui nous est révélé est surprenant. Avez-vous réalisés en quoi il est surprenant ?  Sans doute  n’y a-t-il  là que des détails, des artifices d’auteur, mais tous rajoutés les uns  aux autres vont  créer un tissu d’interrogations qu’il nous faut résoudre sans quoi le texte n’aurait pas de sens et nous resterions aveugles face à lui.

Le premier détail  que doivent voir  les disciples envoyés par Jésus, car c’est le mot voir qui est utilisé dans le texte, il faut donc qu’ils voient un ânon attaché par une corde devant une maison, comme si c’était prévu d’avance qu’à cet endroit il devait y avoir un ânon. De toute façon il ne pourrait servir à rien puisqu’il n’a jamais été monté. Comment cette  petite bête pourrait-elle porter  cet homme d’au moins soixante-dix kilos que serait Jésus, car il en a besoin, dira-t-il. Il était  aussi prévu aussi qu’on devait poser la question de savoir pourquoi on le détachait. «  Le Seigneur en a besoin ». Telle est la réponse que les disciples doivent faire. Et personne n’y trouve rien d’incongru.  Il était prévu qu’on  laisserait aller cet animal, trop petit afin qu’il soit  utile pour porter un homme trop lourd. Pourtant c’est de lui que Jésus a besoin, car Jésus  a besoin de tous ceux qui se trouvent sur son chemin et ce n’est pas à nous de savoir si nous sommes utiles ou pas et si nous sommes capables d’accomplir le travail qu’il attend de nous.

Avec  ce bref épisode de l’ânon  nous entrevoyons les contours du monde impossible que  Jésus a décidé de nous montrer afin que nous y entrions avec lui.  . La pointe de ce premier passage c’est que  selon  Jésus, un âne encore inutile peut devenir utile. Le détail a paru tellement insolite  à Matthieu  dans l’autre Evangile, qu’il  a flanqué l’ânon de  sa mère une ânesse et c’est elle qui portera Jésus. Ce faisant, Matthieu est passé à côté de la pointe du texte pour le rendre vraisemblable.  Mais le texte a-t-il besoin d’être vraisemblable pour que nous en voyions les subtilités ? Ensuite, des gens tout à fait inconnus mettent l’animal inutile à disposition de Jésus et ne se soucient pas du fait qu’un inconnu s’approprie leur bien. Pas de remerciements non plus.

A partir de cet instant pas un mot ne sortira de la bouche de Jésus qui habituellement est prolixe en maximes et conseils. A nous de discerner la bonne nouvelle de l’ Evangile dans ce qui n’est pas dit. Ce sera pourtant son dernier sermon. Un sermon sans parole. Voilà ce nouveau monde que Jésus nous appelle à voir. Un monde imprévu où la disponibilité pour Jésus  devient la règle. Avant même d’avoir vraiment commencés à lire ce texte nous sommes invités à entrer dans un monde qui n’est pas le nôtre,  mais où tous  sont disponibles pour Dieu.

Si nous ne connaissions pas la suite il serait facile de l’imaginer et de prétendre que nous  ne sommes pas concernés. Si nous étions encore aveugles, nous dirions que nous ne serions pas disponibles pour faire ce que nous ne pouvons pas faire, porter des  poids trop lourds pour nos faibles épaules  et confier  gratuitement à autrui ce qui nous  appartient. C’est alors que  tous les hommes qui n’ont pas la disponibilité qui leur est demandée se retourneraient contre Jésus et le menacerait même de mort. C’est ce qui se passera  8 jours après. Mais pour l’instant le texte nous suggère une autre suite. La foule fanatisée par Jésus lui offre la joie, la joie que Dieu seul peut nous donner quand il nous invite. Cette joie est spontanée, elle est totale. Elle est provoquée par la présence de Jésus dont la personne se confond avec celle de Dieu. Ce sentiment de la présence de Dieu déclenche une joie indescriptible  où tout est bon pour la manifester. Un véritable bonheur les prend tous.  

En fait quand nous voulons exprimer notre soif de Dieu, ce n’est habituellement pas comme cela que ça se passe. Quand nous  réclamons la présence de Dieu c’est habituellement par des paroles que nous lui disons nos manques et nos besoins. Ecoutons nos propres prières ! Nous cherchons à attirer sa présence dans notre temple intérieur où, nous voudrions un peu d’intimité avec lui. Ici  il en  est absent. Nous cherchons à intéresser Dieu à notre personne  par des gestes de soumission et d’abnégation. Cette attitude est en parfaite opposition  avec ce qui nous est suggéré ici. Ici la foule manifeste sa joie naïve  en se débarrassant de ses vêtements qui l’incommodent. Elle les jette sous les pieds de l’âne, comme un tapis de procession. Ils  deviendront irrécupérables après avoir ainsi été piétinés. Peu importe, tout est bon pour manifester notre joie.

Là encore nous assistons à un changement de situation provoquée par la présence de Dieu dont le fils ici est reconnu comme un roi et qui reçoit les hommages de son peuple. Si vous vous souvenez d’un événement que celui-ci rappelle. C’était lors de l’intronisation de l’arche dans le temple qu’une manifestation spontanée de joie s’est déclenchée.  Ce fut David lui-même qui en fut le héros. Il se défit lui-aussi de ses vêtements et se mit à danser sous le regard méprisant de sa femme.

En souvenir de cet événement, Jésus en recevant l’hommage que lui rend la foule élève les participants au rang de roi comme ce fut pour David qui se dépouilla pour honorer son Dieu. Quand Dieu nous visite, quel que soit le moment  ou quel que soit l’événement, c’est notre joie qu’il souhaite, et c’est au rang de roi qu’il nous élève.

Non seulement les humains doivent manifester leur joie, mais la nature elle-même doit s’associer à leur joie. C’est en saisissant les branches d’arbres qui viennent d’être taillés, car c’est la saison,  c’est en les agitant devant les pas de l’âne que la nature  est  associées par les participants à cette visite de Jésus. Vous vous rendez bien comptes ici que les hommes ont associé à la fête qu’ils rendent  à Dieu la nature qui se rend aussi disponible à cet hommage.

Comment ne pas étendre cette  réflexion à la réflexion que nous menons actuellement sur la sauvegarde de la nature en songeant que l’Evangile nous suggère d’associer la nature à la joie qu’il convient d’exprimer quand nous réalisons que Dieu nous visite. Dieu ne nous invite pas seulement à la préserver, ni à   la sauvegarder, mais à la rendre participante au triomphe de Dieu quand il lui plait de visiter le monde.

Tout notre comportement humain ici est mis en cause. Il nous est clairement dit ici que nous ne savons pas accueillir Dieu et qu’il nous faut user de bonne volonté pour le faire correctement et joyeusement   Car nous ne savons pas lui offrir la  joie qu’il souhaite pour nous. La question qui se pose de nos jours : c’est que faire pour que le monde ne nous entraîne pas dans la perdition que nous avons provoquée. La réponse donnée ici est de participer à la joie de Dieu pour notre plus grand bonheur. Il ne nous est pas seulement dit de profiter de la présence de Dieu mais d’en rajouter une couche. Il nous est dit par  ceux qui ont rapporté cet événement et qui nous en ont transmis le récit à leur façon, que si Jésus ne parle pas, c’est qu’il nous laisse la parole pour  le faire à sa place  en manifestant la joie qui doit nous habiter pour que nous participions avec bonheur à la transformation du monde.

Maintenant que tout a été dit, pourquoi irions-nous chercher Dieu dans un temple fait de mains d’hommes ?  Jésus s’y rend à la fin du récit et rien ne s’y passe  puisque Dieu  n’y est pas car il a décidé que sa place était au milieu des hommes pour se réjouir avec eux  et qu’ils deviennent  son peuple dont le petit âne inutile devient ici le symbole.

Nous sommes invités à voir que l’impossible peut devenir possible et que l’irréel peut devenir vérité car en Dieu tout est possible

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Marc 1/40-45 le lépreux : dimanche 14 février 2021

Posté par jeanbesset le 30 janvier 2021

Marc 1/40-45lépreux

40 Un lépreux vint à lui et, se jetant à genoux, lui dit en suppliant: «Si tu le veux, tu peux me rendre pur.»
41 Rempli de compassion, Jésus tendit la main, le toucha et dit: «Je le veux, sois pur.»
42 Aussitôt la lèpre le quitta et il fut purifié.
43 Jésus le renvoya sur-le-champ avec de sévères recommandations;
44 il lui dit: «Fais bien attention de ne [rien] dire à personne, mais va te montrer au prêtre et présente pour ta purification ce que Moïse a prescrit, afin que cela leur serve de témoignage.»
45 Cependant cet homme, une fois parti, se mit à proclamer partout la nouvelle et à la propager, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer publiquement dans une ville. Il se tenait dehors, dans des lieux déserts, et l’on venait à lui de partout.

Combien parmi-nous ne partagent-ils pas  cette conception de Dieu selon laquelle il se réserverait d’intervenir dans le monde en faisant des miracles quand il le veut et comme il le veut. Nous pensons que ceux qui sont ainsi au bénéfice de sa providence sont valorisés aux yeux des autres par ses faveurs. Ceux qui en bénéficient    provoquent chez les autres,  admiration et considération. Ils se croient mis à part par Dieu pour intercéder pour les autres et obtenir de lui des grâces particulières pour eux. Même s’ils restent modestes, comme il convient, ceux qui sont dans cette situation se trouveraient en harmonie avec Dieu et tout le monde y trouverait son compte, lui, Dieu et les autres. Tel est le raisonnement qui se tient généralement dans les milieux d’Eglise et que l’on entretient dans le monde des croyants.

Mais ce raisonnement ne semble pas trouver écho auprès de Jésus. Selon lui, notre foi et nos bonnes actions ne nous valorisent pas automatiquement aux yeux de Dieu. Notre relation avec lui semble  devoir être d’une autre nature. Il s’agit d’abord de se laisser interpeler par le sentiment que Dieu allumerait en nous  au sujet des injustices qui opposent les hommes entre eux. Tous ne sont pas forcément sensibles à ce déséquilibre entre les humains. Pourtant cela devrait éveiller  en nous  le désir de prendre part à un projet qui consisterait à rééquilibrer le monde et à s’impliquer  dans un meilleur  fonctionnement pour lui.  C’est pour mettre en évidence ce genre de nécessité que Jésus intervient dans la vie du lépreux. En le guérissant, (mais est-ce lui qui le guérit ?)  Ce n’est pas un miracle à proprement parler qu’il  fait, mais il permet à Dieu d’agir. Jésus intervient donc au côté de Dieu pour rétablir une meilleure harmonie du monde avec lui.

Le texte que nous venons de lire dans l’Evangile de Marc s’applique à casser les codes en fonction desquels nous nous comportons  et pensons à l’égard de Dieu.  Il ne s’agit pas avant tout   pour Dieu de faire des prodiges qui susciteraient l’admiration des hommes et provoqueraient leur conversion. Il s’agit pour Dieu d’enrôler les hommes dans une action  qui les amènerait à changer le monde en partenariat avec lui. Jésus s’offre à nous comme le guide dont nous avons besoin pour que cela  arrive. A nous de savoir l’imiter dans toutes nos actions quand cela est possible.

On nous met ici en présence d’un homme qui a tout perdu et qui est totalement dévalorisé par les circonstances. Il a appris, on ne sait comment les manières de comportement de  Jésus et se jette à ses pieds, le contraignant à enfreindre les codes de la société de son temps et Jésus le fait volontiers. La lèpre a mis cet homme en rupture avec la société des hommes et l’a privé de tout espoir. Ses semblables fuient loin de lui et sa séparation d’avec les  hommes l’a également séparé de Dieu.

Dans ce contexte Jésus bafoue les interdits et les règles de la société de son époque pour  rétablir le lépreux dans le monde des humains et rendre possible  son accès à Dieu que les hommes lui interdisaient. (Va-te présenter aux prêtres lui dit Jésus) Voilà donc le  contexte dans lequel le miracle a e lieu. On ne sait pas comment il s’est produit, mais il n’a  pu se produire que  parce que Jésus par son action a rétabli  le lépreux dans un système social qui ne fonctionnait plus et dans une relation à Dieu rendue jusque-là impossible par la société. C’est alors que Jésus a pu  jouer son rôle et en faisant le miracle remettre l’homme dans une condition de vie qui avait cessée. Ce n’est pas le miracle sur lequel il faut s’attarder, mais sur l’action de Jésus qui remet cet homme dans une relation normale avec le autres et qui rend l’action de Dieu possible.

Sans le dire Jésus suggère une autre relation avec Dieu que celle de ses contemporains. Ce n’est pas eux qui doivent chercher à  mettre en évidence le « bon » comportement de Dieu grâce auquel il gagnerait le cœur et la conscience des hommes, c’est Dieu au contraire qui s’approche des hommes, et qui voudrait  partager avec eux une autre vision des choses et du monde. Tous ne se laissent pas saisir par ce sentiment  car c’est au niveau de leur âme que cette relation avec. Dieu doit se faire. Jésus ouvre ici la voie à ce désir.  Il prend en compte la réalité  de l’exclusion dans laquelle se trouve le lépreux et  exprime par ses gestes d’accueil que les choses pourraient évoluer autrement.  C’est par ces gestes que se noue une nouvelle relation avec Dieu qui répondant au désir de Jésus favorise le miracle annonçant déjà qu’une autre relation est  possible avec lui. Pour en arriver là il faut que chacun prenne  conscience  que Dieu se propose de venir habiter notre âme pour nous rendre sensibles au monde où nous vivons   

Cette relation nouvelle qu’il amorce ici avec Dieu montre que pour que le  changement qu’il propose  puisse se faire, il  faut que  Jésus reste clandestin dans la société des hommes puisque sa relation à Dieu n’est pas la même que la leur, sans quoi il déclencherait leur fureur et leur désir de mort à son égard, ce qui se produira d’ailleurs. Pour Jésus les hommes doivent comprendre qu’ils ont un rôle à jouer auprès de Dieu dont ils deviennent les partenaires pour que le monde change.

Si Jésus  avait eu la même conception de Dieu que ses contemporains, en guérissant le lépreux il aurait été perçu comme un régulateur de l’ordre social. En  renvoyant le lépreux guéri aux prêtres il aurait été perçu par  ses contemporains comme un prophète. Il aurait gagné en notoriété, et  son Evangile  aurait fait  autorité.  Mais cela aurait impliqué que Dieu serait  resté pour lui enfermé dans  une conception  qui n’est pas la sienne. Il serait resté dans le rôle  d’un Dieu tout puissant qui soumettrait le monde à sa guise  et qui n’éprouverait  pas la nécessité de collaborer  avec les hommes pour faire évoluer le monde vers un ordre nouveau.

Nous nous rendons bien compte que les témoins du miracle approuvaient l’ attitude  du lépreux qui voulait que tous les témoins de l’affaire prennent conscience de la toute-puissance de Dieu sans comprendre que les hommes avaient un rôle à jouer dans son projet de transformation du monde. Les hommes inconscients de la vision des choses que propose Jésus sont prêts à l’acclamer pour son action et à le crucifier parce qu’ils récuseront sa conception de Dieu.  .

En fait Jésus est en train de nous suggérer un autre aspect de Dieu. Il nous brosse le portrait d’un Dieu qui ne supporte pas les injustices qui gèrent  le monde et opposent les hommes entre eux. Il ne veut pas d’un Dieu qui se cache derrière sa toute-puissance pour devenir le complice des injustices qui animent  le monde car ce n’est pas lui qui les a voulues.   Si le monde doit changer, c’est avec la complicité des hommes. Le miracle n’est donc pas d’abord signe de la puissance de Dieu mais un geste de sa miséricorde qui répond à la bonne volonté des hommes.  

Nous ne savons pas comment le miracle s’est produit, mais il est perçu ici comme  l’assentiment de Dieu à la vision de  Jésus d’un monde nouveau  où les hommes collaboreront avec Dieu  à la disparition  des injustices et des inégalités.  Le miracle se produit parce que Dieu approuve l’attitude de Jésus et celle des hommes qui l’imitent.  Jésus affirme ici que pour que la fatalité d’un monde injuste soit conjurée, il faut que les hommes prennent la main que Dieu leur tend,  sans triomphalisme ni provocation et entrent avec lui dans une ère nouvelle où grâce à Dieu et par l’action des hommes, à sa suite,  le monde changera.

 

 

 

 

 

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Marc 1/7-11 dimanche 10 janvier 2021

Posté par jeanbesset le 8 janvier 2021

 

Marc 1/711

En ce temps-là, Jean le Baptiste proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »

Quand les hommes se penchent  sur leur propre histoire, c’est  celle que les hommes ont écrite par leurs exploits qui retient leur attention. C’est le nom des hommes et des femmes qui ont marqué leur civilisation qu’ils   s’appliquent à retenir.  Pour ne pas les oublier ils donnent leur nom aux principales voies de leurs cités: « rue untel ou place une telle » Dans les écoles, les cours d ‘histoires que l’on donne à leurs enfants visent à leur faire retenir  le nom des hommes et femmes qui ont marqué par leurs actions les différentes phases de l’histoire,  et qu’ils cherchent à leur faire retenir tant il leur apparaît comme évident que ce sont les hommes eux-mêmes qui déterminent le cours des événements. La République a consacré un bâtiment, tel  le Panthéon,  destiné à conserver le souvenir et les restes de ces  personnes illustres qui ont fait sa grandeur, croit-on, car seuls leurs exploits remarquables sont dignes de marquer les grandes étapes de l’humanité.

 

Pourtant la Bible qui figure parmi les œuvres remarquables produites par les hommes semble ne pas aller dans ce sens. Jean Le Baptiste dénonce ce travers de l’humanité qui  veut ignorer  que Dieu joue un  rôle  dans l’évolution du monde. C’est pourtant de la manière dont la volonté de Dieu s’exprime dans  les actions que font les hommes que le monde évolue  selon sa volonté. Il a chargé Jésus  d’exprimer cette volonté et Jean discerne dans les temps qu’il est en train de vivre que Jésus insistera sur cet aspect des choses, si bien que c’est  Dieu, en fait qui agit par les mains de ceux  qui  s’appuient  sur les principes que son esprit a mis dans leur cœur   Ce sont ceux qui ont mis en avant ces principes plus que ceux qui ont gagné des guerres qui ont le plus marqué le cours de l’évolution du monde.

 

Ainsi se révèle à nous la vraie fonction du prophète. Il s’agit pour lui de dire comment les hommes doivent se libérer  de leurs manières personnelles d’agir  pour œuvrer selon les prescriptions que l’esprit de Dieu leur inspire.  Apparait  alors dans ce texte que nous avons lu  le premier élément  sur lequel Jean s’appuie pour délivrer son message à l’humanité. Il s’agit  du rôle déterminent que joue  l’esprit de Dieu dans la bonne marche des choses.  L’Esprit de Dieu ne se voit pas mais il agit sur les hommes pour orienter leurs décisions. « Avez-vous compris cela ?» semble dire Jean  à ces interlocuteurs   qui répondent  à ses propos se faisant immerger dans la Jourdain. Ce geste  un geste qui exprime leur agrément ne  laisse aucune trace visible: La trace de l’eau sèche et disparait

 

L’eau ne laisse aucune trace si non dans le souvenir de celui qui y a été plongé. Il se souviendra seulement de l’action secrète de Dieu en lui. Ce que l’esprit que Dieu dépose en lui est aussi invisible que la trace de l’eau  sur celui qui a été baptisé. Telle est l’action de Dieu dans le cours des choses.  Elle reste invisible sur ce monde pour celui qui ne sait pas la discerner dans son cœur. C’est cela que perçoit Jean le baptiste. Il comprend que les temps nouveaux qui marqueront désormais  l’humanité  passeront par l’action  de Jésus, et qui resteront invisibles aux yeux de la plupart  de ses contemporains, s’ils ne savent pas percevoir l’action de l’esprit en eux. Jésus,   emboîtera le pas à Jean, il  accomplira ce qu’il a annoncé et révélera aux hommes que Dieu agit par eux sur le monde s’ils acceptent d’être éclairés  par l’esprit qui leur est donné.

Malgré ces propos les historiens  considèrent cependant que ce sont les conquêtes des légions romaines qui ont marqué l’époque de Jean baptiste plus que l’action de  l’esprit de Dieu que Jésus a  révélé. L’histoire enseignée dans nos écoles ignorerait complètement l’enseignement de Jésus et l’action de l’esprit sur lui, si par miracle la date de sa naissance ne leur avait servie de repère pour marquer les temps que nous vivons. Nous continuons cependant  à ignorer qu’un esprit venu de Dieu  souffle sur le monde. Il marque de son empreinte certains humains qu’il inspire et qui donneront pour ce qui les concerne, le sens de l’histoire. Qui aujourd’hui osera dire par exemple que l’action de l’Abbé Pierre, de Coluche ou de Martin Luther King a été moins  déterminante pour notre temps que celle du  plus prestigieux de nos présidents ?

 

Qui aujourd’hui oserait  dire  que c’est l’esprit de Dieu qui agissait par l’action de ces femmes et de ces hommes qui ont marqué leur temps ?  . Des notions telles que celles de partage, de fraternité, d’amour  ont  certainement plus marqué l’histoire que l’action des hommes et des femmes célèbres dont on se plait à conserver le souvenir de leurs actions.

 

Sur les bords d’un ruisseau de Galilée, un homme habillé de peaux de bêtes parlait de l’avenir du monde. Il ne le voyait pas se réaliser dans  les conquêtes que se préparaient à accomplir les légions romaines, mais il savait qu’ une parole venue du fins fonds des Ecritures et reprises par cet homme inspiré allait marquer l’évolution du monde. Jean avait compris que l’action de Dieu au cours des âges ne s’était pas révélée  dans les exploits merveilleux  qu’on lui prêtait mais  dans les paroles  dont il se servait et  dans lesquelles le mot amour avait une place de choix.

 

Ce mot  longuement utilisé dans les propos de Jésus et  manifesté dans les actions commises par lui deviendra le ferment par lequel Dieu agit sur l’avenir du monde. Combien d’acteurs de l’histoire des hommes n’ont-ils pas écarté ce principe d’amour du prochain de leurs actions car il fallait non seulement l’accepter mais il fallait aussi  suivre l’exemple de celui qui l’avait enseigné. En effet, Jésus proposera à ceux qui ont reçu son esprit  de transformer aussi leur manière de vivre à l’imitation de la sienne, car il  avait renoncé à vivre de la notoriété que lui apportait le prestige de son enseignement et  avait décidé de   se comporter selon les règles que lui suggérait l’esprit de Dieu qui l’habitait.

 

Jean  ne se reconnaissait pas comme étant lui-même capable de donner un sens définitif à ses propos. Un autre plus intuitif que lui, plus réceptif  que lui à l’esprit divin était en train de suivre sa trace et il était prêt à lui laisser la place. Il savait que ce qu’il proposait était d’origine divine et devrait désormais conduire le monde.

 

En relisant ce matin les propos de Jean Baptiste, le lecteur qui porte son regard sur le monde sait  que son intuition prophétique était la bonne. L’histoire du monde ne pourra s’écrire sans donner de l’importance à ceux qui se laissent saisir par l’esprit de Dieu et  perçoivent. que l’amour des autres, l’altruisme et la fraternité sont la clé de l’avenir. En ce début d’année où nous cherchons comment nous allons écrire une nouvelle page de l’histoire  des hommes, souvenons-nous que c’est en suivant les suggestions de Jean Baptiste, qui donnait priorité à l’esprit de Dieu, qu’une page nouvelle pourra  être écrite.

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Jean1/1-18 Noël 25 décembre 2020

Posté par jeanbesset le 23 décembre 2020

Mages

Chers amis,

Je vous souhaite un Noël Lumineux !  Que l’étoile qui éclaire le monde depuis si longtemps vous apporte la présence de Dieu dans votre vie pour que votre existence trouve le sens de l’espérance malgré les difficultés du moment. Que votre âme retrouve le chemin de la vie qui mène à Dieu

 

Jean 1/1-18

 

1 Au commencement, la Parole existait déjà. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu.
2 Elle était au commencement avec Dieu. 3 Tout a été fait par elle et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle.
4 En elle il y avait la vie, et cette vie était la lumière des êtres humains. 5 La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas accueillie.
6 Il y eut un homme envoyé par Dieu; son nom était Jean.
7 Il vint comme témoin, pour rendre témoignage à la lumière afin que tous croient par lui.
8 Il n’était pas la lumière, mais il vint pour rendre témoignage à la lumière.
9 Cette lumière était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, éclaire tout être humain.
10 Elle était dans le monde et le monde a été fait par elle, pourtant le monde ne l’a pas reconnue.
11 Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont pas accueillie.
12 Mais à tous ceux qui l’ont acceptée, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le droit de devenir enfants de Dieu,
13 puisqu’ils sont nés non du fait de la nature, ni par une volonté humaine, ni par la volonté d’un mari, mais qu’ils sont nés de Dieu.
14 Et la Parole s’est faite homme, elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité, et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père.
15 Jean lui a rendu témoignage et s’est écrié: «C’est celui à propos duquel j’ai dit: ‘Celui qui vient après moi m’a précédé, car il était avant moi.’»
16 Nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce sur grâce.
17 En effet, la loi a été donnée à travers Moïse, mais la grâce et la vérité sont venues à travers Jésus-Christ.
18 Personne n’a jamais vu Dieu; Dieu le Fils unique, qui est dans l’intimité du Père, est celui qui l’a fait connaître.

 

Jean1/1-18

Depuis l’origine des temps, les hommes parcourent le monde poussés par un instinct qui les invite  à aller voir ailleurs. Ils sont à la recherche d’une lumière qui donne du sens à leur humanité. Ils ont quitté les forêts d’Afrique,  ils  ont franchi les détroits et leurs pas les ont portés là où il n’y avait pas d’hommes avant eux. Ils ont entrepris la traversée de tous les continents, ils sont allés au-delà des mers en poussant leurs troupeaux devant eux  et en trainant leurs tribus derrière eux.  C’est ainsi que lentement s’est écrite l’histoire du monde et qu’il nous plait de la raconter, car l’humanité n’a jamais cessée d’avancer, sans que l’on sache vraiment  ce qui l’a poussé à aller de l’avant.  Depuis  lors ce sont toujours des légendes d’hommes parcourant les terres qui ont alimenté leurs histoires à la recherche de leurs origines. Depuis le célèbre Gilgamesh suivi par le non  moins célèbre Ulysse, de nombreuses  légendes ont alimenté l’imaginaire humain.  La Bible a fait voyager nombre de nos ancêtres  dans  des parcours interminables. Noé  a atterri sur le mont  Ararat  et il a fallu 40 ans aux Hébreux pour trouver la terre promise. On ne sait combien de temps dura la pérégrination d’Abraham  sur les rives du Tigre et de l’Euphrate ni celle de Jonas fuyant Ninive ?

Sans que personne ne le lui r ait soufflé, l’Evangéliste Jean s’est permis de philosopher sur cette constante de l’histoire du monde en nous suggérant que Dieu s’en est mêlé. Il  habité cette lumière à la recherche laquelle  tous les hommes se sont mis en marche, elle les attire dans son sillage alors qu’une voix les pousse à la suivre, c’est dans ce mouvement vers l’avant  que nous pousse la voix de Dieu pour découvrir le sens qu’il donne à notre vie.

Mais ce n’est pas tout. Les Evangiles ont placé l’histoire de la révélation dans une série de voyages où  chacun joue son rôle  éclairé par cette même lumière que Dieu inspire et qui nous vient d’en haut. C’est d’abord l’histoire de trois hommes fascinés par une étoile, qui partent à la recherche du message que Dieu leur a laissé. Confiants en leur science humaine, ils se trompent de chemin, ils cherchent Dieu dans le palais royal alors que Dieu leur avait donné comme contact une modeste étable. En effet,  Dieu ne cherche pas ce qui émane de  la vanité des hommes pour se révéler. C’est dans la modestie des gens humbles que résident les secrets de la vie qu’il nous réserve. C’est un enfant du voyage, dans une famille en détresse qui leur révèle la lumière divine, c’est une femme sans destin qui les accueille, c’est un homme réfugié qui les reçoit.

Joseph et Marie avaient entrepris un voyage dont ils n’avaient sans doute  pas les moyens. Pour les aider dans leur entreprise et leur donner un coup de main, la tradition leur a donné un âne dont il n’est nullement question, mais cet animal rend la chose plus jolie et plus vraisemblable. Aujourd’hui encore, on ne sait pas localiser le lieu où l’étoile s’est arrêtée. Si nous le trouvons quelque part sur cette terre, ne nous y attardons pas car il nous est dit qu’ils n’y sont pas restés. A peine arrivés, les revoilà partis contraints par la méchanceté du tyran à ne pouvoir s’arrêter sur le lieu qui leur était destiné.

Même  les êtres célestes  qui habitaient les étoiles  et qui avaient fait le déplacement pour assister à l’événement n’y sont pas restés.  Quant aux mages ils repartirent bien vite par un autre chemin, car le lieu où Dieu nous donne rendez-vous nous renvoie toujours vers un ailleurs où d’autres nous attendent pour qu’on leur révèle de la part de Dieu le sens secret de la vie qu’il  leur donne, et quand  ils  l’auront trouvé ils iront ailleurs vers ceux qui ne le connaissent pas encore.

Dans toute cette affaire, nous ne savons pas si les premiers voyageurs de l’humanité  sont partis de leur plein gré poussés par leur curiosité. Si on s’appuie sur nos observations les plus récentes, nous savons que ceux qui ont entrepris ces voyages dans le monde l’ont fait chassé par leurs semblables qui voulaient s’emparer de leurs biens  ou poussés par la faim et le manque du nécessaire. Nous savons aussi que d’autres se sont mis en route pour ravir  à d’autres les biens qu’ils possédaient.   Si tant de gens se sont mis en route, c’est sans doute par nécessité ou par cupidité, mais il y a fort à parier que ce n’est  que rarement par  esprit d’aventure si ce n’est Christophe Colomb ou Marco Polo.

Nous sommes cependant émerveillés de constater que Dieu a choisi de révéler ses secrets sur la vie dans un climat de rivalité entre les hommes où les plus forts cherchent à exploiter les plus faibles plutôt que de les aimer. Pourtant cette histoire que nous avons évoquée encore une fois a marché. On la raconte d’années en années depuis 2 mille ans et aujourd’hui, et cela n’est-il pas merveilleux ? Les hommes menacent  de se révolter si on ne leur permet pas de la raconter comme chaque année.  Qu’il nous soit donné de raconter encore une fois que la vie nous est donnée et qu’on doit la partager avec les autres si on veut qu’elle porte ses fruits.  Ainsi le grand voyage des hommes se poursuit-il à travers la planète,  et il est donné à certains de découvrir qu’il n’a de sens que s’il  nous amène à rencontrer les autres et à partager avec eux ce qui nous est de plus précieux, la vie.

 

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Matthieu 22/34-40 dimanche 25 octobre 2020

Posté par jeanbesset le 23 octobre 2020

Matthieu 22/34-40

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Matthieu 22/34-40

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 22,34-40.

En ce temps-là, les pharisiens, apprenant qu’il avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent,
et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve :
« Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? »
Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit.
Voilà le grand, le premier commandement.
Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »

 

Ce serait bien si, dès le réveil, quand nous ouvrons les paupières, nous nous mettions à l’unisson avec Dieu et  que nous  contemplions  par la pensée le monde qui s’offre à nous en pensant à Dieu. C’est alors que le verbe aimer s’imposerait à notre esprit et que nous pourrions nous   mettre  à le  conjuguer à tous les temps de l’indicatif, du subjonctif et du conditionnel. C’est Dieu qui occuperait alors toute la place, car Dieu est amour nous est-il dit dans l’épître de Jean. C’est  en effet par cette notion d’amour que Jésus a décrit sa relation au Père et c’est grâce à tout ce que ce mot suggère que chacun est invité à s’approcher de Dieu et à le contempler.

Nous vivons dans un siècle où la notion d’amour occupe une grande place et le mot lui-même accompagne bien des propos. Les jeunes parmi nos contemporains font usage d’un mot d’argot pour exprimer ce sentiment. Quand ils parlent d’une chose ou d’une personne ils disent qu’ils le kif grave, ce qui veut dire qu’il y a de l’amour dans cette relation. En parlant ainsi, ils pensent se projeter  dans un autre univers d’où la notion classique de l’amour n’aurait plus exactement sa place.

Pour ce qui est de la notion d’amour telle que Jésus l’envisage nous découvrons qu’il  confond en une même notion, notre capacité à aimer les autres et  l’empreinte que Dieu laisse en nous. «  Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de tout ton âme et de toute ta pensée dit-il aux pharisiens, et ton prochain comme toi-même ajoute-t-il». Mais le mot amour n’est pas forcément nécessaire pour en exprimer la notion. Nous venons de le voir.  Les animateurs de la jeunesse protestante ont bien perçu ce rapport avec Dieu quand ils ont fait usage de cette expression argotique dont je parlais il y a un instant pour  désigner les rassemblements  de la jeunesse : le Grand Kif. Mais l’expression échappe vite  à notre  contrôle. Avec le temps, pour faire branché, l’idée même d’amour  laisse la place à un logo qui représente un cœur et qui désigne tout ce qui est susceptible d’être aimé. Si donc Dieu est amour, il semble avoir sa place dans tout ce qui représente  l’amour  sans qu’on y prenne garde.

Ne vous illusionnez pas cependant, l’amour et son application à Dieu n’ont quand même pas pour autant envahi notre monde, car la notion d’amour a perdu une partie de son intensité et  désigne simplement dans notre esprit un penchant pour quelque chose  qui sort de l’ordinaire et qui nous fait plaisir.  Pourtant  sait-on seulement que  c’est Jésus qui a imaginé de faire de l’amour le centre de la société de son temps. Ça remonte à loin ! Le mot amour est pour lui celui qui qualifie le mieux notre relation à Dieu. C’est aussi cette notion d’amour qui pour lui  doit qualifier notre relation avec les autres. Pour Jésus la découverte de la relation à Dieu est de la même nature que notre relation à l’autre. Pour lui donc, on ne peut aimer Dieu sans tenir compte des autres et notre bonne relation avec les autres nous conduit forcément à Dieu. Il est donc bon de nous interroger au sujet de  tout ce qui se cache  derrière la notion d’amour.

 Le Petit Larousse  définit le mot amour en disant que ce mot traduit une affection vive pour quelqu’un. Pour éprouver de l’amour, il faut donc puiser au fond de ses sentiments  et user de quelque chose qui nous appartient et d’en faire usage à l’intention de l’autre.  Pour éprouver de l’amour, il faut que nous nous délestions d’une partie de ce qui nous appartient pour le destiner à quelqu’un d’autre qui n’est pas nous.

Jésus en parlant d’amour nous dévoile une partie de nous-mêmes selon laquelle nous serions capables de nous démunir de quelque chose qui est à nous pour la conférer à d’autres. L’altruisme fait donc partie de ces qualités qui sont en nous et dont nous serions capables de nous délester pour que des relations heureuses puissent s’établir entre les êtres. Et dans cette relation à l’autre Dieu  se trouve concerné.

Cette capacité à aimer est donc quelque chose  qui nous est propre et qui doit nous pousser vers les autres pour  favoriser notre vie avec eux. C’est donc comme cela que Dieu a prévu que nous devons fonctionner et Jésus voit dans ce fonctionnement l’empreinte du divin.

 Pourtant  aujourd’hui on estime que le mot amour  est galvaudé. Nous nous comportons comme si  la relation  entre les humains relevait  plus de l’esprit de domination que de l’esprit d’amour. Il en va de même de notre relation avec Dieu.  On pense que notre relation à Dieu est de même nature  car on estime plutôt que Dieu doit dominer sur nous avant de nous aimer. Dans notre manière de penser habituelle  nous  estimons davantage     que notre relation à Dieu dépendrait  d’abord d’un esprit de domination, qu’il exercerait sur nous, et sur la nature ce qui correspondrait plus à la conception que nous avons de Dieu

Quant à la notion d’amour elle fonctionnerait comme une pratique sélective de nos sentiments. Nous  destinerions   notre amour à Dieu, seulement,  si c’est nous qui décidions de l’aimer en fonction des événements, quant à l’amour pour les autres, nous le réserverions au gens de notre choix, si bien que nous n’aimerions que les gens susceptibles d’être aimés par nous. Même dans ces conditions, nous dit Jésus, l’amour  traduit  quand même quelque chose qui émane de nous et qui relève du divin, et sans que nous le voulions, il y a quelque chose de Dieu qui subsiste dans notre relation avec les autres, même quand cette relation est dénaturée, comme je viens de le dire.

Bien entendu, quand Jésus insiste sur le fait que Dieu se révèle dans notre capacité à aimer, il n’est pas suivi  par ses interlocuteurs et par nous-mêmes. La plupart des philosophes qui invitent les hommes à partager ce qu’ils possèdent pour construire une société plus juste se prétendent athées sans aucune référence à Dieu alors que leurs discours expriment en partie les mêmes idées que Jésus quand il cherchait à définir Dieu.

En réalité, pour beaucoup de croyants, nous l’avons déjà dit, Dieu ne se cache pas derrière un sentiment d’altruisme, mais derrière sa toute-puissance qui gèrerait le monde à sa fantaisie. Cependant, on voit bien que ça ne marche pas. La Covid 19 qui aujourd’hui défie les nations, provoque les scientifiques du monde entier, plonge les politiciens dans un défi permanent qui n’aboutit à rien et dont aucun rite d’apaisement ne vient à bout, signifie bien que ce n’est pas dans  le domaine  de la domination  des obstacles qu’il faut chercher Dieu.

Aujourd’hui, face au virus, Dieu oppose la force d’aimer. Il s’agit d’aimer l’autre en agissant de telle  sorte que rien dans nos comportements ne puisse porter  atteinte à leur vie  Il s’agit de se comporter de telle sorte que les autres iront mieux grâce à notre relation avec eux  et que nous n’opposerons pas notre liberté personnelle à la sécurité des autres.

Dans notre aventure avec Dieu, je voudrais relever  encore, pour terminer,  un aspect qui caractérise Dieu et dont nous venons de parler. Dieu se révèle aussi  à nous dans sa capacité d’intervenir dans la vie qu’il nous donne. Quand il se révéla à Moïse, Dieu se présenta comme le vivant, celui qui préside à tout ce qui vit.

Quand je vous invitais au début de mon propos à évoquer Dieu en conjuguant le verbe aimer, j’aurais pu aussi vous inviter à conjuguer le verbe être : je suis celui qui est, qui était et qui vient avait-il dit à Moïse, je suis le vivant. Le Dieu de la vie se mêle au Dieu de l’amour pour nous entrainer à vivre ces moments difficiles pour nous rappeler qu’il est  celui qui nous aide à vivre en aimant les autres.

 

 

I Jean 9/16 Dieu est amour

Autres lectures :Exode :3/7-14

Cantiques :35/19 Pour que le jour qui se lève soit plus beau

46/02 Seigneur accorde-moi d’aimer

 

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Matthieu 20/1-16

Posté par jeanbesset le 15 septembre 2020

Matthieu 20:1-16

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples cette parabole :
« Le royaume des Cieux est comparable
au maître d’un domaine qui sortit dès le matin
afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne.
Il se mit d’accord avec eux
sur le salaire de la journée : un denier,
c’est-à-dire une pièce d’argent,
et il les envoya à sa vigne.
Sorti vers neuf heures,
il en vit d’autres qui étaient là, sur la place, sans rien faire.
Et à ceux-là, il dit :
“Allez à ma vigne, vous aussi,
et je vous donnerai ce qui est juste.”
Ils y allèrent.
Il sortit de nouveau vers midi, puis vers trois heures,
et fit de même.
Vers cinq heures, il sortit encore,
en trouva d’autres qui étaient là et leur dit :
“Pourquoi êtes-vous restés là,
toute la journée, sans rien faire ?”
Ils lui répondirent :
“Parce que personne ne nous a embauchés.”
Il leur dit :
“Allez à ma vigne, vous aussi.”

    Le soir venu,
le maître de la vigne dit à son intendant :
“Appelle les ouvriers et distribue le salaire,
en commençant par les derniers
pour finir par les premiers.”
Ceux qui avaient commencé à cinq heures s’avancèrent
et reçurent chacun une pièce d’un denier.
Quand vint le tour des premiers,
ils pensaient recevoir davantage,
mais ils reçurent, eux aussi, chacun une pièce d’un denier.
En la recevant,
ils récriminaient contre le maître du domaine :
“Ceux-là, les derniers venus, n’ont fait qu’une heure,
et tu les traites à l’égal de nous,
qui avons enduré le poids du jour et de la chaleur !”
Mais le maître répondit à l’un d’entre eux :
“Mon ami, je ne suis pas injuste envers toi.
N’as-tu pas été d’accord avec moi pour un denier ?
Prends ce qui te revient, et va-t’en.
Je veux donner au dernier venu autant qu’à toi :
n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mes biens ?
Ou alors ton regard est-il mauvais
parce que moi, je suis bon ?”
C’est ainsi que les derniers seront premiers,
et les premiers seront derniers. »

 Ouvriers de la dernière heure

 « M’est-il permis de faire de mes biens  ce que je veux ?  »  Cette question est posée  à la fin du récit par le propriétaire du domaine à ceux qui contestent sa manière d’être juste.  Ils peuvent peut-être se demander si  le fait de posséder une vigne  et d’y faire travailler les ouvriers  journaliers  relève vraiment de la justice dont il se réclame, bien qu’il se dise bon ? C’est à nous qu’il appartiendra tout à l’heure de répondre à la question grâce aux critères philosophiques que les siècles ont apportés à notre culture.

 Mais cependant il semble, sans qu’il en soit conscient que  Jésus ait jeté ici un ferment révolutionnaire qui traversera désormais les siècles qui vont  venir. On va trouver dans cette simple question que Jésus place dans la bouche du propriétaire de quoi alimenter bien des mouvements populaires.

Mais ne nous emballons pas et ne m’accusez pas de faire de Jésus un marxiste avant l’heure, car il a pris la précaution de  faire agir son héros de telle sorte que l’on met en avant sa justice et sa bonté  plutôt que de critiquer la morale dont il se réclame.  C’est sa justice et sa bonté qui vont attirer l’admiration du lecteur et ce sont  elles qui vont alimenter mon propos, en sachant qu’il serait difficile  de faire mieux que lui.

 Au cours du déroulement de l’affaire, le contexte nous laisse entendre que Jésus n’entend pas la même chose que nous en matière de justice. Il ne voit pas les choses comme nous, ni comme ces ouvriers qui se sentent lésés. En effet pour nous et pour les participants à cette aventure la justice repose sur un principe selon lequel le salaire doit correspondre au travail fourni : à travail égal, salaire égal. Si tu as travaillé une heure, tu dois gagner un salaire qui correspond à une heure de travail. Si tu as travaillé 12 heures, tu dois  gagner 12 fois plus. C’est ce que pensent les ouvriers, sans le dire vraiment tant la différence des revenus qu’ils suggèrent leur apparait  exorbitante. Il est simplement dit, sans aucun commentaire,  qu’ils pensaient recevoir davantage. Ainsi, sans le dire vraiment ils conçoivent la possibilité d’une certaine injustice dans un traitement équitable de leur situation. C’est également ce que pense le lecteur de ce récit qui se dit que le propriétaire n’est quand même  pas si juste que  cela et que finalement il n’est pas si bon qu’il veut bien le prétendre.

Mais le propriétaire a un autre mode de raisonnement. Pour lui le travail doit  rapporter la nourriture  d’une journée pour toute la famille, quel que soit le temps qui  a été consacré à piocher.  Ce qui est juste pour lui c’est que chacun puisse manger  à sa faim chaque jour, et non pas un salaire calculé sur la durée de travail. C’est en laissant entendre cela que Jésus rejoint  la catégorie des révolutionnaires, avant l’heure.

La nourriture nécessaire, pour subvenir au besoin de la famille correspond à 1 denier quel que soit la qualité du travail accompli. Pour le propriétaire, le seul critère qui compte, c’est que tout le monde puisse manger à sa faim, quel que soit la réalité du travail fourni. C’est le bien être de chacun qui est sa référence et non pas le  travail effectivement accompli.

Mais qui est cet homme pour penser ainsi ? La réponse à cette question suggérée par Jésus est que cet homme est simplement bon. Sa justice est liée à sa bonté naturelle.

Imaginons maintenant la suite de l’histoire qui n’est pas racontée ici. Il  n’est pas difficile de penser que si  le propriétaire renouvelle son expérience, il  va être victime de sa propre bonté et qu’il va tomber dans le piège qu’il s’est tendu à lui-même en appliquant des règles sociales qui ne sont pas celles communément partagées. En effet, le lendemain, quand il  viendra recruter des ouvriers pour travailler dans sa vigne  à la première heure, il y a fort à parier qu’il n’en trouvera pas un seul, mais ils seront tous présent à la onzième heure. A ce rythme-là sa récolte ne pourra pas se faire, il sera vite ruiné, et sa déchéance justifiera l’adage populaire : trop bon, trop C…

Mais attention, il n’est pas dit qu’il doit y avoir un lendemain. Le système proposé par Jésus et le maître du domaine ne peut fonctionner  qu’une  une seule fois et ne peut pas se répéter. Il ne peut en aucun cas être une méthode pour gérer ses biens. Pourtant, nous l’avons tous compris, la parabole propose un modèle de comportement qui pourrait marcher si chacun ne donnait pas priorité à son intérêt personnel, mais voyait plus loin que lui-même et imaginait toutes les bouches à nourrir.  Dans ce cas précis, le propriétaire occupe le rôle que Dieu pourrait jouer et Jésus en souligne l’aspect principal qui est celui de la bonté. Dieu est essentiellement bon, mais si nous cherchions à imiter sa bonté il semblerait que nous irions  droit à un échec.  Où est le problème ?

Dieu se met en situation d’échec par rapport aux critères humains.  Il n’y a donc aucune bonne solution. Ceux qui veulent suivre ses préceptes vont se trouver en situation d’échec et perdre la partie à moins qu’ils ne se convertissent et qu’ils réussissent à renverser la situation.

 En quoi consisterait donc la conversion ? Le premier critère consisterait à ne pas être naïf. Le propriétaire ici ne l’est pas. Il  connait le cœur humain  et commence par payer les derniers en premiers. S’il avait agi  dans l’ordre d’embauche la situation serait vite devenue intenable et il aurait eu à  faire face à la révolte de ceux qui se considéreraient comme victimes d’une bonté qu’ils ne partagent pas.

En effet, il sait que chacun pense à partir de lui-même : moi d’abord, les autres après. Il ne nous est pas dit que la même histoire se reproduira le lendemain.  Il a proposé d’agir comme il l’a fait à titre d’exemple. « Que se passerait-il  si vous étiez bon comme moi »,  semble sous-entendre Dieu ?  Jésus a  ainsi pointé du doigt la cause du désenchantement de toutes nos sociétés : c’est l’égoïsme qui tient lieu de loi universelle et que bien peu de  sociétés humaines ne réussissent à dénoncer. En matière de religion, on appelle cela le péché, c’est-à-dire que l’on porte sur les autres un regard biaisé qui nous avantage toujours par rapport à eux et les met dans une situation d’infériorité par rapport à nous.

 Le récit  s’achève alors sur une discussion peu aimable entre le propriétaire et les ouvriers car elle laisse place au soupçon selon lequel  cet homme userait d’une  justice  qui ne s’accorderait pas avec l’opinion de chacun. Aurait-il un projet en tête qu’il ne dit pas ? Voilà le soupçon qui s’en mêle et  dénature  le sentiment de bonté.  La bonté, quant à elle est  centrée  sur la question du propriétaire : « m’est-il permis de faire de mes biens ce que je veux ? » Nos sociétés répondent à cette question par un arsenal de lois qui visent à limiter la générosité dont nous pourrions être  capables s’il nous arrivait de prendre à la lettre la proposition du propriétaire.  Nous constaterions alors que la loi des hommes  ne les autorisent pas  à faire  tout le bien qu’ils pourraient faire et donc à mettre en pratique la loi de Dieu.  Cela  nous amène à constater que ce n’est pas Dieu qui gouverne notre monde et  que nos dirigeants s’autorisent à canaliser ses  bontés, même quand elles  nous demandent de donner priorité aux autres en toute circonstance.

Je disais en commençant que le ferment révolutionnaire avait été jeté par Jésus, mais je soulignerais aussi la prudence de Jésus  qui dans cette histoire nous apprend  qu’il est impossible aux hommes de rejoindre la bonté de Dieu  mais qu’il leur est quand même possible de s’en approcher le plus possible.

 

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Matthieu 14/22-33 Jésus marche sur les eaux dimanche 9 août 2020

Posté par jeanbesset le 8 août 2020

Matthieu 14/22-33

                   Aussitôt après avoir nourri la foule dans le désert, Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. Quand il les eut renvoyées, il se rendit dans la montagne, à l’écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul. La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire.

Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils disaient : « C’est un fantôme », et la peur leur fit pousser des cris. Mais aussitôt Jésus leur parla :        « Confiance ! c’est moi ; n’ayez pas peur ! » Pierre prit alors la parole : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur l’eau. » Jésus lui dit : « Viens ! »
Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Mais, voyant qu’il y avait du vent, il eut peur; et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté? » Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba.
Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu!» 

 Jésus marche sur l'eau 1

Sermon

 

On pourrait bien imaginer que L’image des disciples, confortablement assis sur  le bateau représente notre propre existence.

La barque avance vers une terre inconnue. (Je vous rappelle que le récit se déroule de l’autre côté du lac en terre païenne, un lieu hostile où tous les risques sont à craindre.)

Comme les disciples nous avançons, sans protection particulière, vers la rive où notre vie achèvera son parcours. C’est cette pensée fugace qui vient traverser mon esprit en écoutant ce récit. Elle évoque pour moi l’histoire d’une vie banale, la mienne, la vôtre,  celle d’une vie sans sécurité particulière.

Nous quittons donc par la pensée le lac de Génésareth  pour nous intéresser à notre propre existence. C’est un jour comme tous les jours qui commence au lever du soleil et nous nous préparons à vivre l’aventure quotidienne de note existence.

Notre regard se porte vers la rive où notre voyage trouvera son terme. Dans la lumière du jour qui se lève, le bord du lac se confond avec la rive et laisse apparaître une plage de sable humide qui reflète les formes encore floues du paysage qui la borde.

Un inconnu y marche. Sa silhouette se reflète sur le  sable mouillé et nous donne l’illusion qu’il marche sur l’eau dans la brume de l’aube naissante.

 

A partir de cette image, il nous est possible de réfléchir au cours que peut prendre notre propre vie en faisant nôtre, l’aventure des apôtres sur leur barque.

Cet homme qui semble marcher sur l’eau est bien entendu Jésus Christ qui se tient sur la rive de notre vie pour déterminer le sens de notre existence.

Sans distinguer clairement les contours de sa personne, sans même le voir distinctement, nous savons qu’il est là pour dominer les dangers qui nous guettent sous les flots, où selon la tradition, les esprits mauvais font leur demeure.

Cette image prend corps dans notre pensée, elle actualise les promesses que la foi en Dieu a déjà inscrites comme une réalité en nous.

Sans qu’on le veuille, Dieu marche sur les franges de notre vie sans que nous sachions vraiment le voir, mais il s’inscrit en notre vie comme une certitude dont nous avons besoin et il s’offre à nous dans un tête-à-tête personnel.

 

A l’origine de ce récit, il y a sans doute une  histoire semblable à celle que je viens d’évoquer et que l’auteur  de l’Evangile quelque trente ans après aurait embellie pour évoquer une vérité de l’Evangile selon laquelle Jésus  dominerait les démons  qui nous agitent quel que soit leur nom : colère, jalousie, esprit de vengeance ou de domination, cupidité, avidité,  qui ne cesseraient de nous habiter  et qui selon la légende seraient inspirés par un esprit dominateur qui ferait sa demeure  dans les eaux de la mer, pour nuire à notre vie.  

Cette aventure a accrédité pour les disciples qui naviguent, la certitude que Jésus a été envoyé par le Père pour venir vers eux, pour dominer leurs angoisses et leur donner le désir de devenir toujours meilleurs.  

Ils ont alors compris, qu’avant même d’avoir pris conscience de leur propre existence, Dieu avait déjà pris sa place  en eux et avait entrepris de  parachever sa création pour rendre notre vie utile.

C’est ce que nous voudrions croire  et c’est ce que nous suggère ce texte où nous découvrons que c’est Dieu qui vient  vers nous pour susciter en nous le désir d’agir  conformément à sa volonté.

 

Mais une question lancinante nous obsède et  vient  jeter le doute en notre esprit. Qu’est ce qui nous permet de dire que Dieu agit en nous de la sorte ? Que c’est lui qui vient vers nous et , qu’est ce qui nous pousse à croire en lui. 

Il est en effet de bon ton aujourd’hui d’afficher notre  suffisance et de nous comporter comme si Dieu n’opérait aucune action sur nous. Il est fréquent qu’on entende nos contemporains dire qu’ils ne croient  pas en Dieu puisque les religions qui parlent de lui s’appuient sur des légendes et ne démontrent rien.

Pour beaucoup d’entre nous, aujourd’hui l’homme qui pense est supérieur à l’homme qui croit.

Quiconque s’autorise aujourd’hui à parler dans les média prétend la plupart du temps qu’il ne croit pas en Dieu. Il s’octroie ainsi le privilège de décider de l’existence de Dieu et il en crée le principe pour mieux le nier.

 

Nous nous comportons comme si il était dans la nature humaine de décider de l’existence ou de la non-existence d’une instance supérieure  à nous, en fonction de critères que nous nous nous attribuons. C’est comme si le pouvoir créateur nos appartenait de  décider de l’existence de Dieu.

En fait ce texte nous propose une autre approche et nous suggère le contraire de ce que nous venons de dire sur l’existence ou la  non existence de Dieu. Ici, c’est Dieu qui vient vers nous et c’est lui qui s’impose à notre conscience.

Il nous est donc suggéré, non pas de dire ou de nier son existence mais de chercher la trace de sa présence en nous et d’orienter notre vie en fonction des empreintes qu’il aurait laissées lors de ses passages et qu’il s’agit maintenant pour nous de repérer.

 Il me paraît impossible  de penser que nous serions à ce point renfermés sur nous-mêmes et engoncés dans des idées arrêtées sur Dieu pour ne pas repérer les traces de sa présence et de son passage en nous. Cela nous demande sans doute de faire un effort sur nous-mêmes pour trouver des traces qui après réflexion deviennent évidentes.

 

Il est évident qu’il y a dans la vie de chacun de nous des moments de flou ou d’imprécision qui ont gardé l’empreinte de Dieu. Ils seraient à l’image de ce marcheur dans la brume du matin dont la silhouette changeante se reflète dans le sable humide  de la plage et donne l’illusion qu’il marche sur l’eau.

Qui n’a pas traversé dans sa vie des moments que nous qualifierions de miraculeux et derrière lequel le visage de Dieu apparaîtrait dans le flou. Il est des moments où Dieu parait venir vers nous. Au travers des hasards de notre histoire sans démontrer quoi que ce soit. Il vient seulement !

Il peut s’agir d’une parole prononcée au bon moment par quelqu’un que l’on côtoie, ou d’un geste qui nous sécurise dans notre angoisse ou tout autre signe apparemment sans importance. A nous de le reconnaître.

C’est en regardant les différentes étapes de notre vie  que nous voyons ces moments où Dieu a cherché à se faire connaître et où nous ne l’avons pas connu parce que nous ne nous sommes pas donné la peine de le faire. 

Quand Dieu vient vers nous, il met aussi en nous les éléments nécessaires pour le reconnaître, mais il nous demande d’en faire l’effort.

En fait si nous pensons   être capables par nous-mêmes de décider de l’existence ou de la non-existence de Dieu,  nous passons à côté de Dieu sans le voir, car en réalité, ça se passe autrement. C’est lui qui décide   de nous rencontrer et c’est nous qui faisons obstacle à cette rencontre à cause d’un principe selon lequel  l’homme se reconnaît  à lui seul  la faculté d’en décider.

Ce principe de la présence de Dieu dans les moments inattendus de notre voyage en barque sur le lac, est le seul qui puisse nous faire vivre et mettre de l’espérance en nous.

Nous avons encore une demande à formuler : celle d’inviter le marcheur solitaire à monter dans notre barque pour qu’il nous parle de Dieu et nous aide à construire notre vie avec lui. Le marcheur du Lac était bien Jésus Christ, celui qui se présente comme l’ami et le maître des hommes embarqués. Transformé par la brume du matin il avait déjà pris forme de Dieu et  c’est pour leur parler de  Dieu qu’il monte dans l’embarcation et guider leur vie vers lui.

 

 

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Matthieu 13/1-23 La parabole du semeur dimanche 12 juillet 2020

Posté par jeanbesset le 10 juillet 2020

01 Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison, et il était assis au bord de la mer.

02 Auprès de lui se rassemblèrent des foules si grandes qu’il monta dans une barque où il s’assit ; toute la foule se tenait sur le rivage.

03 Il leur dit beaucoup de choses en paraboles : « Voici que le semeur sortit pour semer.

04 Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, et les oiseaux sont venus tout manger.

05 D’autres sont tombés sur le sol pierreux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre ; ils ont levé aussitôt, parce que la terre était peu profonde.

06 Le soleil s’étant levé, ils ont brûlé et, faute de racines, ils ont séché.

07 D’autres sont tombés dans les ronces ; les ronces ont poussé et les ont étouffés.

08 D’autres sont tombés dans la bonne terre, et ils ont donné du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un.

09 Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! »

10 Les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? »

11 Il leur répondit : « À vous il est donné de connaître les mystères du royaume des Cieux, mais ce n’est pas donné à ceux-là.

12 À celui qui a, on donnera, et il sera dans l’abondance ; à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a.

13 Si je leur parle en paraboles, c’est parce qu’ils regardent sans regarder, et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre.

14 Ainsi s’accomplit pour eux la prophétie d’Isaïe : Vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas. Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas.

15 Le cœur de ce peuple s’est alourdi : ils sont devenus durs d’oreille, ils se sont bouché les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent, – et moi, je les guérirai.

16 Mais vous, heureux vos yeux puisqu’ils voient, et vos oreilles puisqu’elles entendent !

17 Amen, je vous le dis : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu.

18 Vous donc, écoutez ce que veut dire la parabole du semeur.

19 Quand quelqu’un entend la parole du Royaume sans la comprendre, le Mauvais survient et s’empare de ce qui est semé dans son cœur : celui-là, c’est le terrain ensemencé au bord du chemin.

20 Celui qui a reçu la semence sur un sol pierreux, c’est celui qui entend la Parole et la reçoit aussitôt avec joie ;

21 mais il n’a pas de racines en lui, il est l’homme d’un moment : quand vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, il trébuche aussitôt.

22 Celui qui a reçu la semence dans les ronces, c’est celui qui entend la Parole ; mais le souci du monde et la séduction de la richesse étouffent la Parole, qui ne donne pas de fruit.

23 Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est celui qui entend la Parole et la comprend : il porte du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. »

 

 semeur 1

Matthieu 13/1/23

Quand Jésus raconte une parabole, il ne donne pas la clé de l’énigme. Il nous fait cependant confiance pour laisser se taire en nous nos spontanéités et pour laisser nos voix intérieures s’accorder avec ce qu’il veut nous faire comprendre. 

Ainsi nous ne sommes pas dispensés par lui de faire  des efforts pour nous mettre à son écoute. Il ne nous faut pas hésiter au cours de notre méditation à rejeter  nos premières intuitions pour en accepter d’autres qui seraient plus en accord avec ce que son Esprit nous inspire.

 Jésus laisse entende que nous ne sommes pas toujours capables  de comprendre vraiment  ce qu’il a à dire, il sait cependant que son message est suffisamment révolutionnaire pour que nous ne puissions pas l’accepter du premier coup.

Il faudra que  nous y revenions à plusieurs reprises pour le comprendre plus à fond. C’est ce qui va se passer avec cette parabole

En fait, dans chaque parabole Jésus nous alloue un rôle, sans vraiment nous dire dans lequel  nous devons nous retrouver. Il se peut aussi que nous nous retrouvions dans la peau de plusieurs personnages à la fois ou que nous ne comprenions pas vraiment tout de suite quel rôle nous sommes censés tenir. Il se peut aussi que nous ne sachions pas nous reconnaître dans  ce rôle.

Dans cette histoire à quelle place devrait se situer l’interlocuteur de Jésus ? doit-il  se situer dans le rôle du semeur ? Dans celui de la terre ou dans une autre fonction encore ? Nous devrons cependant faire un choix. On cherche aussi quel rôle joue Dieu ? Mais même ce rôle  n’est pas évident. On a l’impression quelque fois qu’il ne joue aucun rôle du tout ou qu’aucun rôle ne lui convient.

A première lecture,  j’ai bien l’impression que dans cette parabole, je n’ai  pas moi-même ma place. Je n’ai pas davantage l’impression que Dieu y joue un rôle bien précis, si non celui de la nature dont la fonction est  de faire pousser les graines en leur temps.

Ici Jésus nous offre une carte postale représentant la campagne palestinienne à l’époque des semailles d’automne. Nous avons la description d’un champ dévasté par la sécheresse de l’été dont les bords se confondent  avec la pierraille du chemin où seules les broussailles poussent à leur aise.

On peut évidemment extrapoler en imaginant qu’il peut représenter notre monde actuel où les terres riches et fécondes côtoient les terres arides et les savanes  incultes. Immédiatement nous sautent aux yeux le sort des populations qui les habitent et  nous repérons les injustices provoquées par les inégalités inhérentes  aux différents  sols.

Ces terres injustement distribuées seraient-elle une image de la création que Jésus nous proposerait ? Dans ce cas il faudrait mettre  Dieu en accusation pour n’avoir pas créé un monde  équilibré où tous pourraient vivre en de la même égalité.

Les hommes qui malmènent la nature, qui déforestent pour créer des pâturages ou des plantations de palmiers à huile et de soja pour nourrir le bétail et donner de meilleurs rendements aux terres agricoles trouveraient-ils leur justification face aux accusations des écologistes ? 

Cette interprétation qui qui met en cause la création ne semble pas cependant devoir servir de support à une interprétation de la parabole.  Si la création n’est pas mise en cause, serait-ce que Dieu lui-même serait le  semeur  qui rend la terre féconde avec  générosité?

En effet, le semeur ne prodigue pas sa semence, il se rit de la sècheresse, il fait fi des broussailles, il ignore la mauvaise terre, tout lieu a  droit à sa générosité. Mais quel sens aurait cette parabole si on doit voir Dieu dans ce semeur qui prodiguerait  sa semence  sans tenir compte de la pauvreté  des paysans locaux en leur proposant un mode  d’exploitation qui contribuerait à les appauvrir en dilapidant de la semence si dure à acquérir.  Ils ont sans doute recours à ce procédé à contre cœur, mais il  les appauvrir  plus qu’il ne  les enrichit ? Dans ce cas, Dieu  jouerait un mauvais rôle. Ce ne peut donc être lui.

En fait si Jésus se sert de leur propre vie de paysans pour illustrer cette parabole c’est parce qu’ils sont concernés par son message.

C’est le texte lui-même qui nous donne une clé pour comprendre. Si on est fidèle à la rigueur du texte grec, il est dit dans les premiers versets que Jésus sortit de la maison  et qu’il alla s’assoir pour enseigner. Et dans son récit il raconte qu’un homme sortit pour semer. L’homme qui sème semble devoir être Jésus lui-même puisqu’il fait les mêmes gestes. La semence serait alors la parole de Dieu et ceux qui écoutent seraient la terre ( Adama en hébreux, le même radical que Adam, l’homme)

C’est la terre, quelle qu’elle soit, dans son état brut, qui reçoit la semence. Pour l’instant qu’elle soit bonne ou mauvaise elle n’a rien à voir avec l’écologie ni la création. Mais cette terre a capacité  de réagir, elle a la possibilité d’accueillir la graine et de réagir selon sa nature.

La pointe du texte ne  serait-elle pas de nous dire que quel qu’il soit l’homme, il a capacité de réagir en fonction de  ce qu’il reçoit de Dieu. Il nous est suggéré que tout un chacun qui reçoit la parole de Dieu a capacité de réagir et de rendre compte de ce qu’il reçoit. Ne pourrait-on pas lire cette parabole de Jésus comme une invitation à améliorer le milieu où nous sommes sous l’injonction de Dieu quand il nous visite. 

Ne pourrait-on pas lire  cette parabole, en tenant compte des moments que nous vivons comme  une possibilité qui nous est donnée d’améliorer la création, quand nous y sommes confrontés.

Il s’agirait  de l’améliorer et de la faire valoir, pour qu’elle devienne l’expression de la volonté de Dieu  en tous les lieux où les hommes reçoivent vocation de la féconder.

Nous serions donc partenaires de la nature pour qu’elle devienne porteuse d’espérance, pour qu’ensemble, hommes et création agissent  pour le mieux-être de l’un et de l’autre.

L’homme habité par la parole de Dieu devient habitant de la création pour qu’elle accomplisse sa vocation au service du projet que Dieu a pour elle. La création encore inachevée serait donc en attente de la perfection que Dieu lui destine sous la conduite de l’homme quand il est rempli  de l’esprit de Dieu.

Si donc le semeur est Jésus, on comprend qu’il ne ménage ni sa peine ni sa semence. Il répand sa graine sans  s’interroger, sur le lieu où elle tombe, par contre, plus précautionneux, sommes-nous. Nous serions comme le semeur palestinien  qui va certainement chercher à économiser, malgré tout sa semence, même s’il ne maitrise pas le lieu elle tombe.

Il fera attention à ce qu’elle ne tombe pas trop sur le chemin ou dans les ronces, même si c’est difficile de les distinguer les uns des autres. 

Nous agissons, comme cela en étant économes de notre semence, nous concentrons notre attention sur  la terre qui est digne de mobiliser nos soins alors Jésus ne le fait pas.

Nous chercherions à savoir vers qui  Dieu nous envoie et qui justifieraient les soins que nous lui apporterions. Nous croyons pouvoir séparer la bonne terre de la mauvaise terre et rejeter celle qui portera  des broussailles.

Sans nous en rendre compte, nous nous basons sur des critères personnels pour déterminer notre action. C’est à notre manière personnelle de penser,  que nous décidons nous-mêmes de notre action.  Jésus n’ose pas user de  cette prudence.

Si nous jugeons qu’une terre n’est pas  digne que nous y jetions notre semence, qui le fera ?

Il est suggéré ici, que si nous endossons le  rôle du semeur, à l’image de Jésus, nous devons prendre  soin de toute terre qui nous est offerte et, ce qui n’est pas dit dans le texte, c’est grâce à nous  qu’elle en tirera avantage.

semeur 2

La création dans laquelle nous vivons et agissons est comme ce champ de Galilée. L’homme  qui le travaille a vocation de le prendre en charge dans sa totalité le champ. Se pose alors à nous le problème  du rôle  que nous confie Dieu quand nous nous investissons en son nom  dans le champ de sa création.

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Mathieu 10 37-42 Dimanche 28 juin 2020

Posté par jeanbesset le 26 juin 2020

Matthieu 10/37-42

La Parole de Dieu

En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres :
    « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi
n’est pas digne de moi ;
celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi
n’est pas digne de moi ;
    celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas
n’est pas digne de moi.
    Qui a trouvé sa vie  la perdra ;
qui a perdu sa vie à cause de moi
la gardera.
    Qui vous accueille
m’accueille ;
et qui m’accueille
accueille celui qui m’a envoyé.
    Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète
recevra une récompense de prophète ;
qui accueille un homme juste en sa qualité de juste
recevra une récompense de juste.
    Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche,
à l’un de ces petits en sa qualité de disciple,
amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. »

 Matthieu 10-37-42

 

Sermon

 

Celui qui entend ces propos de Jésus pour la première fois  risque de trouver  fortement  déstabilisé.

Jésus parle de notre relation  avec lui et aux autres d’une manière bien étrange. 

Quelle image de Dieu se profile-telle derrière de tels propos ?

C’est  à partir de cette question que je vous propose de nous interroger sur notre propre relation avec Dieu en fonction de ce que nous savons de Jésus. 

Habituellement nous voyons Dieu comme le « Tout puissant », de qui procèdent toutes les réalités.

Il nous apparait parfois comme un être lointain qui cache sa majesté derrière les merveilles de la nature telle une nuit étoilée en plein été ou le spectacle fantastique d’une aurore boréale ou d’une tempête  qui secoue les vagues spectaculaires.

L’approche du monde des insectes d’autre part nous laisse pantois. Nous ne nous lassons pas d’admirer comment la chenille s’emprisonne dans une chrysalide pour devenir ce papillon qui nous émerveille. 

Nous pensons que toutes ces choses étranges  ont Dieu pour auteur et ont été engeancées par des calculs tels qu’aucun ordinateur n’aurait pu les réaliser. «  O ! Dieu que ton nom est grand sur toute la terre ! » Pensons- nous  dans notre fort intérieur en paraphrasant le psaume 8 » 

Quand nous songeons à l’humanité et aux prodiges d’intelligence qui sont les siens, nous nous extasions devant les possibilités créatrices de Dieu et nous admirons les capacités prodigieuses qu’il a dissimulées dans le cerveau humain  : «  Qu’est-ce que l’homme pour que tu te souviennes de lui et le fils de l’homme pour que tu  prennes garde à lui » continuons-nous dans notre paraphrase des Ecritures.

 Avec Job nous nous émerveillons et nous nous humilions devant tant de grandeur et nous pensons que seul celui qui croit en Dieu peut  trouver du sens et de la cohérence dans tout cela.  Mais ce Dieu si grand et si merveilleux  reste  inaccessible à notre pensée. Comment le rejoindre  et devenir son ami ? 

Depuis toujours on a aussi  considéré que ce grand Dieu pouvait être redoutable et qu’il devenait exigent quand il  se rapprochait de nous.  Comment pourrait-il rester sans réaction devant  le mésusage que nous faisons des capacités qu’il a dissimulées en nous ? 

Etant lui-même parfait il ne devrait pas supporter notre imperfection qui mettrait en cause sa  perfection.

Il serait donc enclin à nous punir  à cause de  notre lenteur à pouvoir  analyser nos comportements et à chercher à  nous améliorer.

Il voudrait que nous nous repentions sans restriction des fautes commises, même si nous n’en avons pas conscience. Nous pensons  ainsi à chaque moment encourir son courroux qui  pourrait  nous amener  au jugement et à  la mort. 

Bien que fragiles et conscients de nos faiblesses, nous cherchons cependant à gagner le droit d’exister devant Dieu.

La société religieuse du temps de Jésus était judicieusement organisée pour permettre aux hommes de retrouver dans cet univers  un chemin acceptable qui les ramènerait à Dieu.

Tout  y était réglé pour que  les humains s’accordent harmonieusement avec leur Dieu.

Grâce au ministère  des prêtres qui pratiquaient les sacrifices pour  réconcilier les hommes avec Dieu et grâce  aux célébrations rituelles  des fêtes qui qui s’égrenaient au cours des années  pour rester en harmonie avec toute la création, les choses pouvaient entrer dans l’ordre. 

Malgré ce système  savamment policé,  mais terriblement contraignant Jésus s’est proposé de construire une autre société, plus acceptable  sans être vraiment différente de la précédente.

En supprimant  le rite des sacrifices  du temple, en oubliant une partie des exigences de la Loi, il a instauré une manière moins contraignante pour conserver l’harmonie avec  Dieu.

Mais   cela changeait-il les choses en profondeur ?

En fait c’est notre relation par rapport à Dieu que Jésus  se proposait de changer  radicalement et c’est le visage de Dieu lui-même qui en devenait  différent. 

Jésus présentait Dieu sous un autre  jour que celui ce que nous avons l’habitude d’imaginer. 

C’est d’abord de nos peurs face à la vie que Jésus se chargeait de nous libérer.

Il  présentait dieu comme un Père et un libérateur.

C’est pourquoi Jésus s’acharnait à combattre contre toutes les craintes qui nous pourrissent la vie pour installer l’espérance tout au fond de notre âme.

C’est ainsi que l’esprit de Dieu pouvait prendre place en nous afin de nous donner assez d’énergie pour faire face à la vie. 

 Tout cela n’était cependant  pas vraiment nouveau, Car c’était déjà contenu dans les Ecritures dont les prophètes  avaient rendu témoignage au cours des siècles.

Ce qui était nouveau, c’était les priorités que Jésus mettait dans nos rapports avec Dieu.

A la place de la soumission, c’était l’amour qu’il mettait en premier, comme  élément nécessaire dans la relation de vie entre Dieu et les hommes et entre les hommes entre eux. 

C’est ainsi qu’à titre prophétique, un jour dans le parvis du temple il a  chassé les animaux destinés  aux sacrifices qui  dénaturaient  les vrais enjeux qui se jouaient dans le sanctuaire. 

Il donnait priorité absolue à la vie en commençant par celle des animaux.

Jésus insistait sur la notion d’amour, comme on vient de le dire,  pour  être perçu comme l’élément essentiel des attributs de Dieu.

Sa justice et  sa toute-puissance passaient après. C’est ainsi, pour qu’une femme coupable d’un péché passible de mort puisse vivre quand même,  il l’a accueillie de telle façon que ses adversaires qui voulaient la punir  en  ont oublié leurs instincts meurtriers en se sentant eux même impliqués par leur  propre attitude. 

Si donc Dieu est pourvoyeur de vie, il ne  peut être associé à ce qui  pourrait mener à la mort, pas même à ce qui pourrait être perçu comme un juste jugement.  Nul alors ne pourra trouver en Dieu la justification à la haine qu’il éprouve pour les autres ni se justifier des violences  qu’il exerce contre ses semblables.

Il ne pourra  pas non plus contraindre Dieu à endosser la responsabilité des maladies, ni des catastrophes.  Si les hommes veulent en savoir plus sur l’origine des dangers qui les menacent, qu’ils laissent le saint Esprit visiter leur merveilleuse intelligence, peut-être alors verront-ils le monde autrement et du coup, ils verront Dieu autrement. 

Ainsi, sous l’impulsion de Jésus, Dieu nous apparait-il  autrement  que de  la manière dont on le conçoit habituellement.

De ce constat va naître un énorme malentendu, car cette manière de voir les choses ne va pas plaire à tout le monde.

Ceux qui  se trouvent dans des positions privilégiées et qui pensent que Dieu les conforte dans leur  situation sont dans l’erreur.

C’est ainsi que Jésus écartera de  lui un jeune homme plein de bonne volonté qui n’avait pas compris que ses richesses n’étaient pas un don que Dieu lui avait réservé et que s’il voulait rester en accord avec lui, il devait se faire justice à lui-même  et partager ses richesses avec plus défavorisés que lui. 

Quand on s’attaque aux privilégiés et que l’on pense que Dieu ne trouve pas sa place dans leur camp, on s’attire forcément des inimitiés.

Plus ils seront puissants, plus ils feront du mal à ceux qui  les contestent.

Tel fut le sort de Jésus et lucidement Jésus a laissé entendre que ce serait aussi le sort de ceux qui partageront ses idées sur Dieu.

S’élèveront alors des dissensions et la paix espérée prendra des formes de guerre.  

Dans une telle perspective et malgré les divisions qu’il suscite dans les rangs de ses adversaires, mais aussi dans les rangs de ses amis, voire même de sa future Eglise, Jésus entrevoyait déjà ce moment où sa conception  de Dieu serait de plus en plus partagée par les humains, où les croyants, malgré les obstacles susciteraient des adhésions à des projets de partage et où le monde, gagné à la sagesse de Jésus se transformerait. Tel est le Royaume dont il parlait, telle est l’espérance dont il accompagnait ses propos, telle est la perspective d’avenir dans laquelle il nous engage à entrer.

C’est ainsi qu’à titre prophétique, un jour dans le parvis du temple il a  chassé les animaux destinés  aux sacrifices qui  dénaturaient  les vrais enjeux qui se jouaient dans le sanctuaire.  Il donnait priorité absolue à la vie en commençant par celle des animaux. Jésus insistait sur la notion d’amour, comme on vient de le dire,  pour  être perçu comme l’élément essentiel des attributs de Dieu. Sa justice et  sa toute-puissance passaient après. C’est ainsi, pour qu’une femme coupable d’un péché passible de mort puisse vivre quand même,  qu’il l’a accueillie de telle façon que ses adversaires qui voulaient la punir  en  ont oublié leurs instincts meurtriers en se sentant eux même impliqués par leur  propre attitude. 

Si donc Dieu est pourvoyeur de vie, il ne  peut être associé à ce qui  pourrait mener à la mort, pas même à ce qui pourrait être perçu comme un juste jugement.  Nul alors ne pourra trouver en Dieu la justification à la haine qu’il éprouve pour les autres ni se justifier des violences  qu’il exerce contre ses semblables. Il ne pourra  pas non plus contraindre Dieu à endosser la responsabilité des maladies, ni des catastrophes.  Si les hommes veulent en savoir plus sur l’origine des dangers qui les menacent, qu’ils laissent le saint Esprit visiter leur merveilleuse intelligence, peut-être alors verront-ils le monde autrement et du coup, ils verront Dieu autrement.

 

Ainsi, sous l’impulsion de Jésus, Dieu nous apparait-il  autrement  que de  la manière dont on le conçoit habituellement. De ce constat va naître un énorme malentendu, car cette manière de voir les choses ne va pas plaire à tout le monde. Ceux qui  se trouvent dans des positions privilégiées et qui pensent que Dieu les conforte dans leur  situation sont dans l’erreur. C’est ainsi que Jésus écartera de  lui un jeune homme plein de bonne volonté qui n’avait pas compris que ses richesses n’étaient pas un don que Dieu lui avait réservé et que s’il voulait rester en accord avec lui, il devait se faire justice à lui-même  et partager ses richesses avec plus défavorisés que lui. 

Quand on s’attaque aux privilégiés et que l’on dit que Dieu ne trouve pas sa place dans leur camp, on s’attire forcément des inimitiés. Plus ils seront puissants, plus ils feront du mal à ceux qui  les contestent. Tel fut le sort de Jésus et lucidement Jésus a laissé entendre que ce sera aussi le sort de ceux qui partageront ses idées sur Dieu. S’élèveront alors des dissensions et la paix espérée prendra des formes de guerre.  Il n’y aura plus de place dans le monde pour ceux qui préconisent une autre manière de voir Dieu que celle qui consiste à diviser le monde en mettant d’un côté les bien méritants, les bien nés, les bien convertis et en mettant de l’autre ceux qui ne sont pas de cette catégorie. 

Dans une telle perspective et malgré les divisions qu’il suscite dans les rangs de ses adversaires, mais aussi dans les rangs de ses amis, voire même de sa future Eglise, Jésus entrevoyait déjà ce moment où sa conception  de Dieu serait de plus en plus partagée par les humains, où les croyants, malgré les obstacles susciteraient des adhésions à des projets de partage et où le monde, gagné à la sagesse de Jésus se transformerait. Tel est le Royaume dont il parlait, telle est l’espérance dont il accompagnait ses propos, telle est la perspective d’avenir dans laquelle il nous engage à entrer.

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